[Libre] Après l'effort...le réconfort?

Flop flop flop

La pluie torrentielle recouvrait la majorité des terres irlandaises, le vent était glacial, et quelques grêlons tombaient par moment. Un jeune homme d’une taille correcte, vêtu d’une simple chemise blanche à présent détrempée, qui laissait entrevoir le corps frêle qu’elle recouvrait, ainsi qu’un pantalon abîmé et troué, avançait silencieusement. Ses pas résonnaient sur les allées boueuses, à chaque collision entre ses chaussures et les marres d’eau. Il avait les pieds trempés. Ses pas étaient irréguliers, allant avec les chemins qu’il empruntait. On aurait pût croire qu’un adolescent destiné à entrer dans cet orphelinat aurait dû être accompagné, de peur qu’il s’évade. Mais la femme qui avait décidé de forcer le destin dans cette direction-la savait parfaitement qu’il irait, sans se poser de questions, sans opposer une quelconque résistance. Et lui savait que, seul, il n’irait pas bien loin. Voilà pourquoi il suivait son chemin sans un mot, la tête basse, arpentant la forêt et suivant les indications qu’on lui avait fournies « Ne quitte jamais le sentier pour en rejoindre un adjacent, suis la lumière la plus obscure ». Une autre personne aurait prit peur et aurait tout tenté pour échapper à ce manoir. Pas lui.

C’était une fin d’après-midi brumeuse, le chemin s’éclaircissait à vue d’œil, la végétation se faisait de moins en moins dense. Bientôt, il déboucha sur une sorte de plaine broussailleuse, aux herbes hautes et sombres, au milieu de laquelle se dressait une immense bâtisse. Cette dernière semblait vieille, usée, rongée par le temps. Les pierres détériorées semblaient si écartées que le vent pourrait s’y infiltrer sans la moindre encombre. Connor ne s’arrêta pas pour admirer la vue effrayante qui s’offrait à lui, et qui allait être son futur. Il continua sa marche, l’eau recouvrait presque ses chevilles, ses cheveux dégoulinaient sur son visage fin. Il contourna ce qui allait être son repère, sa maison, jusqu’à apercevoir une immense porte en chêne. Le brun s’approcha encore et encore, jusqu’à s’arrêter à quelques centimètres de l’objet…pas tant convoité. D’ici, il ressentait presque le grouillement des mythes qui se bousculaient dans le bois au fin fond de son âme.

Ouvrir, toquer, attendre ? Il n’avait pas la moindre idée des manières que l’on pouvait avoir dans cet endroit. Finalement, il opta pour le luxe de s’abriter et enclencha la poignée. La porte s’ouvrit dans un long grincement.

Une jeune fille était assise dans un coin du hall, les jambes répliées sur le coté droit, se tenant pour ne pas tomber du bras gauche sur le sol. Elle avait un grand livre ouvert devant elle et elle tournait les grandes pages jaunies par le temps. La filette portait une grande robe bleue et un tablier blanc à dentelles. On apercevaient entre ses cheveux blonds bien coiffés lui arrivant au milieu du dos et pendant vers le livre un serre-tête noir.
Elle remis une mèche de la couleur du blé derrière son oreille, la tête toujours baissée en lisant les lignes, mais celle-ci retomba de suite. Elle avait de longues chaussettes blanches lui remontant juste au dessous de ses genoux pales et les petites chaussures noires aux pieds. Une vraie petite Alice au pays des merveilles... L'éffet était en partie voulu.

La fillette releva la tête au moment où la lourde porte grinça en s'ouvrant. Quelqu'un apparut sur le pas de la porte. Un garçon... Un nouvel occupant d'Orphanage surement. Il était trempé, comme la plupars des personnes arrivant ici. Il pleuvait souvent en Irlande. Si on devait décrire l'Irlande, les premiers mots seraient "Humide... très humide". Enfin bon, ce n'était pas si grave d'un coté.
L'air reveur de la jeune fille se posa sur le garçon. Un point d'interrogation brillait au fond de ses yeux et la question posée en silence était "qui es-tu ?"

(désolé, je peux pas fairep lus long, ma mere s'exite)

A peine la porte fut-elle ouverte qu’une odeur âcre vint s’emparer des narines du jeune homme. Elle contrasta étrangement avec l’air pur extérieur, mais pourtant ne la dérangea pas. Une odeur nouvelle, qui bientôt lui donnerait la nausée. Pour l’instant il se contenta de la humer quelques petites secondes, de l’imprimer dans sa mémoire. Sur le long chemin qui l’avait mené à l’orphelinat, il s’était promit de se rappeler les moindres détails à partir de l’instant présent, dans un coin de sa tête. On construit son avenir de son passé.
Il jeta un regard circulaire à la pièce, qui semblait être le hall. Le sol, recouvert d’une épaisse couche de poussière, n’avait pas dû être nettoyé depuis des mois. La peinture des murs était écaillée, jaunie, sale. La pièce était sombre, éclairée par une simple fenêtre aux volets à moitié fermés. Mais cette ambiance glauque, ancienne, qui aurait presque pu être tirée d’un roman dramatique, ne le rebuta pas. Au contraire, elle l’attira. Il avança de quelques pas et remarqua dans un coin de la pièce, une fille aux traits angéliques, aux cheveux doré, qui apparaissait plus jeune. Elle l’observait en silence, le regard curieux. Etonné qu’on lui accorde une quelconque attention, il soutint son regard innocent quelques secondes avant d’en tirer la conclusion que l’on ne devait pas voir des nouveaux tous les jours. Qu’attendait-elle, au juste ? Il était dans sa nature de ne pas aller vers les autres. Oh bien sûr si on venait à lui, il n’était pas méchant, bien que parfois bref ; il repoussait rarement mais n’allait jamais chercher.

Un grincement retentit au-dessus de lui, il lâcha alors le regard de la demoiselle et observa le plafond. Les pas continuèrent à faire grincer le plancher, de plus en plus doucement, puis cessèrent. Il remarqua alors le plafond fissuré de toute part. Il ne s’était pas vraiment attendu à ce qu’on vienne le chercher, mais il trouvait cela plutôt étrange que l’entrée soit aussi libre, tout comme la sortie. A cette pensée il eu l’intime conviction que les sanctions mises en œuvre en cas de fuite devaient être draconiennes, et qu’il aurait plus amples informations plus tard. En attendant, il reporta son attention sur la jeune blonde, et s’avança à pas lents et calculés vers elle. Il la sonda du regard quelques instants puis il la questionna d’une voix au timbre légèrement rauque et grave qu’il n’avait pas depuis longtemps. Son ton n’était pas agressif, simplement droit et neutre.

_ Bonjour. Tu saurais où sont les dortoirs, s’il te plait ?

Oui, il avait fait preuve d'un minimum de politesse. Inutile de se faire pour ennemie la première personne qu'il croise.

La jeune fille n'eut pas la réponse à sa question démandée en silence. Il ne s'était pas présenté. Il lui demanda si elle savait ou se trouvait le dortoir... Alice réfléchit quelques instants, le dortoir des filles se trouvait au deuxième étage... Logiquement, vu qu'elle n'avait pas vu l'autre dortoir a cet étage pourtant visité et revisité la chambre des garçons se trouvait...
Alice referma son livre soulevant au passage une couche de poussière et se mis debout, le prenant dans une main. Elle n'avait plus envie de lire, pourquoi pas parler à cet inconnu. Il avait l'air plutôt gentil, en tout cas il n'était pas aggressif ou froid, c'était déjà ça.
Elle ne dit pas un mot mais indiqua du doigt l'étage superieur. Elle commença a avancer vers les escalier puis se retourna jetant un regard au garçon, l'invitant à la suivre s'il voulait.
Elle ne disait mot, savait-elle parler ? Alice connaissait la réponse, mais elle doutait... Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait plus rien dit... Elle n'avait pas besoin d'ouvrir la bouche quand il n'y avait personne à qui parler... Tout le monde la prenait pour une dingue, la plupart pensait qu'elle était muette.

Alice braqua son regard cristallin dans celui du garçon. Lui aussi avait les yeux bleus... Il était svelte, une allure même maigrichonne. Son visage était encerclé par des cheveux chatains foncés en bataille lui retombant dans la figure en meches mouillées par la pluie qui martelait dehors. On l'entendait à travers les volets qui plongeait le hall dans l'ombre.
Puis elle baissa la tête, soutenir un regard n'était pas le fort d'Alice. Elle avait les yeux vagabonds, tout comme ses idées. Jamais elle ne tiendrait une conversation normale plus de deux minutes avec quelqu'un. Et la première cause était son absence de parole qui s'était forgée au cours des années. Savait elle encore parler ? Le savait elle... Articuler des mots, s'exprimer autrement que par le regard...
Alice ne voulait pas essayer, pas pour l'instant. Muette lui convenait.

Elle releva de nouveau ses yeux timides vers la garçon, posant de nouveau la question de son identitée au garçon. Elle se tourna et commença a monter trois marches avec légereté, faisant voltiger sa robe bleue pale. Elle jeta encore un regard pour voir si l'inconnu lesuivait, ou si il ne comprenait pas.

Pour toute réponse, la jeune blonde referma son livre et sauta sur ses deux pieds, puis lui montra d’un geste de main l’escalier qui se trouvait sur sa gauche. Une fois debout, Connor remarqua alors la flagrante ressemblance entre cette jeune fille et Alice. Ce compte ne lui avait été relaté que durant son enfance, et seule l’image de l’héroïne aux cheveux dorés et longs et à la robe bleu pâle lui restaient en mémoire. Il haussa d’abord un sourcil puis se ravisa, si cela lui plaisait…Non, en réalité ce qui je le gênait le plus, c’était d’être allé vers quelqu’un qui n’avait au final pas même daigné lui répondre décemment. Puis la demoiselle s’élança alors vers l’escalier, le brun la suivit des yeux puis, une fois les premières marches atteintes, elle se retourna vers lui. Pour la deuxième fois en quelques minutes, il vit son regard interrogateur. Etait-elle muette ? Ou alors refusait-elle de parler ? Ses deux questions se bousculèrent dans sa tête, tandis qu’il essayait de lire la réponse dans ses yeux.
Finalement, il hocha la tête d’un mouvement bref puis défit la cordelette qui attachait ses chaussures. Il les déchaussa puis les attrapa dans sa main gauche, l’autre portant un sac en tissus qui comportait toutes ses affaires : soit un pantalon et deux chemises blanches. Les pieds humides, il s’élança vers l’escalier sur le sol sale et froid. Il s’arrêta alors juste à côté de la demoiselle, qui bien que sur une marche plus haute que la sienne, était plus petite que lui. Il lui lança un regard compréhensif puis lui annonça maladroitement son prénom.

_ Je suis Connor.

Il n’avait pas vraiment l’habitude de se présenter, mais cela dû convenir puisque, quelques secondes après, elle entamait sa montée dans l’escalier. Il la suivit. Les marches en bois étaient étroites, fissurées, et elles grinçaient à la moindre pression. L’escalier se tordait étrangement, époussetant les formes maladroites du manoir. Soudain, ses pieds mouillés dérapèrent sur le bord d’une marche, il faillit perdre l’équilibre et se rattrapa maladroitement d’une main au mur et de l’autre au bras de la jeune femme. Il parvint à se maintenir debout, grogna nerveusement puis s’excusa rapidement, désolé d’avoir failli les faire tomber tous les deux.

_ Désolé, pas fait exprès.

Alice fit un pale sourire et murmura

_ Ce n'est pas grave.

Ces mots avaient été prononcés dans un souffle. Alice frissonna, cela faisait si longtemps qu'elle n'avait rien dit, si longtemps qu'elle n'avait prononcé un mot. Sa voix ressemblait à celle des fantômes, celle du vent soufflant dehors les jours de tempète. Elle leva ses yeux perdus vers le visage du garçon. La troisième fois qu'elle le regardait, alors que d'habitude elle ne voyait personne d'autre qu'un livre de conte. Sa voix s'était perdue dans un des grincement familiers de l'orphelinat. Ell parlait encore, mais pourrait elle rpononcer d'autres mots. Elle ne voulait toujours pas essayer, quatre mot, une phrase, c'était déja trop. Alice était muette aux yeux des surveillants, folle aux des autres pensionnaire, trop acceptable aux yeux des bourreaux, trop gamine aux yeux de la directrice. Elle n'était rien d'autre, elle n'était qu'une ombre. Etait-ce vraiment elle qui quelques années plus tôt riait et jouait en robe de princesse dans le jardin avec ses anciens amis ? Etait-ce vraiment elle ? Maintenant, ses parents n'était plus là, elle ne voulait pas se rendre à cette évidence, ses parents vivaiet encore et viendraient la chercher.
Sinon, elle avait herité de toute leur fortune étant leur fille unique... Mais à quoi sert une fortune si l'on ne peut s'en servir ? Elle devait attendre sa majorité, elle attendait sans broncher. QUand elle faisait une betise, elle attendait sans broncher qu'on vienne la punir. On aurait même pu croire qu'elle était masochiste.
Puis Alice se rapella qu'elle avait à montrer le dortoir au nouvel arrivant. Il lui avait enfin répondu d'ailleur. Connor... Prénom assez rare mais un prénom Irlandais. Alice n'aimait pas baucoup ce prénom, mais bon, chacun ses gouts. Et puis ce n'était pas à elle de juger.
Elle se retourna vivement et se remis à avancer, son livre sous le bras. Elle avait un air triste. Depuis qu'elle était ici, elle ne 'avait jamais perdu. Elle était triste ici, il n'y avait rien comme dans sa famille...
Elle arriva enfin en haut de l'escalier et attendit que l'autre garçon vienne a coté d'elle. Puis elle finit par dire, toujours murmurant

_ Voulez-vous voir la directrice après ? Ou voulez vous visiter ?

Sa voix n'était que son souffle de fantome, n'importe qui aurait pu l'emporter. Mais elle parlait. Alice savait toujours parler après tout ce temps. Les seuls mots qu'elle avait dit à part ceux-ci étaient a son arrivée ici. La directrice lui avait demandé son nom, elle avait répondu "On m'appelle Alice...".
Elle attendit la réponse de Connor, fuyant son regard avec son air constamment reveur.

Une fois arrivés en haut de l’escalier, enfin au premier étage plus précisément, la demoiselle blonde s’arrêta puis se tourna vers lui afin de lui demander ce qu’il préfèrerait faire. Connor n’en avait à dire vrai aucune idée. Il serait forcé de passer par le bureau de la directrice à un moment ou à un autre, mais visiter les lieux lui paraissait beaucoup plus instructif et moins barbant. Jugeant que, de toute façon, il pourrait prétendre être arrivé plus tard, il se décida pour la deuxième solution. La garçon hocha alors la tête, brièvement, elle comprendrait très certainement.
Ainsi il avança dans le corridor poussiéreux, ignorant totalement l’endroit où il se trouvait. L’espace était plongé dans la pénombre, le sol était tout aussi sale qu’à l’étage inférieur, et également désert. Où pouvaient bien être les autres ? pensa-t-il alors, légèrement étonné de ne voir personne.
Il ignorait si la jeune fille le suivait, vu la discrétion dont elle faisait part, mais lui avançait sans un regard en arrière. Finalement, il dû choisir entre passer à gauche ou à droite, il opta pour la gauche, au hasard. Cependant, il entendit rapidement des cris étouffés qui lui parvenaient dans un faible bruit sourd. D’abord, il pensa qu’il avait halluciné. Mais ils se répétèrent, Connor sentit son cœur se serrer, il jeta un rapide coup d’œil derrière lui, dans l’espoir qu’elle l’aurait suivit et pourrait démentir la pensée morbide qui l'habitait. Il avait entendu de nombreuses rumeurs sur l'orphelinat, mais jamais n'avait entendu parlé de violences envers les pensionnaires. Etait-ce simplement une bataille amicale? Il en doutait.

Connor s'était immobilisé devant la porte massive, fermée telle une barrière de protection. D'ici, un faible rayon de lumière parvenant d'une mince fenêtre lui parvenait. Même ce brin de luminosité semblait dénué de couleur et de joie. S'il n'avait jamais eu peur de l'orphelinat, il semblait soudain prendre conscience que si on le lui voulait pas du bien, on lui voudrait peut-être du mal.

(Excuse-moi pour le retard et la longueur =S)